Le barasingha ou cerf de Duvaucel ou cerf des marais (Rucervus duvaucelii) est un cervidé originaire d'Inde. Ce cerf, de taille assez grande et aux bois remarquablement développés, est considéré comme l'un des plus beaux Cervidés. Il forme le genre Rucervus avec deux autres espèces dont une est aujourd'hui éteinte. Son nom scientifique lui a été donné par Cuvier en hommage au naturaliste français Alfred Duvaucel (1793-1824).
On décrit 3 sous-espèces contemporaines de ce cerf :
- Rucervus duvaucelii duvaucelii
- Rucervus duvaucelii branderi
- Rucervus duvaucelii ranjitsinhi
Le barasingha est également appelé Cerf de Duvaucel
Le nom «barasingha» signifie littéralement «à douze dents» en hindi. En effet, le mâle adulte porte généralement 12 cors (ou pointes de la ramure) .
Le barasingha se rencontre dans les zones marécageuses du nord de l’Inde dans lesquelles il se déplace facilement sans s’enfoncer grâce à des sabots adaptés à la marche sur sols humides.
Autrefois présent dans toute la péninsule indienne, le barasingha est aujourd'hui confiné dans les régions du centre et du nord de l'Inde et du sud du Népal. Il est éteint au Pakistan et au Bangladesh .
Rucervus duvaucelii duvaucelii occupe les zones humides en Inde et au Népal, Rucervus duvaucelii branderi est limité à une seule population présente dans la province du Madhya Pradesh en Inde, Rucervus duvaucelii ranjitsinhi est présent en une seule population dans l'Assam au nord-est de l'Inde.
Le nom «cerf des marais» fait référence à l'habitat préféré de l'espèce. Ce cerf apprécie particulièrement les zones marécageuses ou les plaines herbeuses et peu boisées, même en terrain périodiquement inondé. C'est en raison de « ses besoins écologiques » que ce cerf est menacé puisqu'il fréquente les lieux particulièrement propices à l'agriculture, dont l'aménagement (drainage) ne peut que lui être fatal.
Il a été introduit aux USA dans des ranchs au Texas et en Floride pour la pratique de la chasse aux trophées.
Pour en savoir plus : Chasse aux trophées
Femelle barasingha
Le barasingha est un animal qui mesure en moyenne 1,80 m de long pour une hauteur au garrot de 1,20 m et un poids allant de 170 à 289 kg. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les mâles étant généralement plus grands et plus lourds que les femelles. La queue mesure entre 12 et 20 cm de long.
Portrait de biche et cerf barasingha
Le pelage du barasingha mue deux fois par an : Le pelage d'été est généralement de couleur orange à marron sur la partie dorsale et plus pâle sur les flancs. Des taches blanches sont visibles le long de la ligne dorsale. La gorge, le ventre, l'intérieur des cuisses et le dessous de la queue sont de couleur blanche.
Le barasingha a un manteau d'été de couleur orange à marron avec une ligne dorsale foncée.
En hiver, à partir de novembre environ, le pelage devient brun grisâtre foncé et terne. Les mâles adultes auront un pelage plus foncé que les femelles et les juvéniles. Les faons naissent tachetés, comme c'est commun avec de nombreuses espèces de cerfs, et perdent leurs taches lorsqu'ils prennent de l'âge.
En hiver, le pelage du barasingha change radicalement. Le pelage devient brun grisâtre foncé et terne et les mâles adultes portent une crinière très développée
Les bois lisses sont portés uniquement par les mâles. Ils sont en forme de C, peuvent comporter 10 à 15 cors, bien que certains cerfs en aient jusqu'à 20, et mesurer jusqu'à 1 m de long.
Les bois du barasingha sont des productions osseuses qui, comme chez tous les cervidés, tombent et repoussent chaque année.
Les bois du barasingha sont de couleur orange lorsqu'ils sont en velours.
Les barasinghas perdent leurs bois entre février et mi-avril ; les plus jeunes les perdent en dernier. La repousse et la minéralisation de nouveaux bois sont rapides. Elles se terminent en juillet-août par la frayure, ou chute du velours, et la coloration.
Détail du velours d'un bois de barasingha. Le velours est une membrane qui entoure les bois en repousse et assure leur croissance.
Le développement des bois est lié au cycle sexuel et particulièrement à la production de testostérone. Aussi un dysfonctionnement hormonal a généralement des conséquences sur la production des bois. La castration accidentelle ou la perte des deux testicules par infection chez un cerf en bois, provoque la chute prématurée de la ramure et la repousse d’une paire de petits bois permanents qui resteront en velours. La castration pendant le refait entraine un arrêt de la calcification, une prolifération anarchique du tissu sous jacent et la formation d’une perruque. Les cerfs dits à perruque sont des animaux dominés, marginalisés, d'une discrétion totale et d'observation difficile. Leur espérance de vie est assez courte.
Barasingha à perruque. Ces excroissances sont permanentes et correspondent à l'arrêt complet du cycle de croissance des bois.
Le barasingha est un mammifère herbivore dont le régime alimentaire se compose principalement de graminées. La sous-espèce vivant dans les zones humides se nourrit souvent de plantes aquatiques qu'elle peut obtenir en immergeant complètement sa tête dans l'eau. Le barasingha est actif toute la journée, mais se nourrit surtout le matin et le soir, se reposant à l'ombre pendant les heures les plus chaudes de la journée. En hiver et pendant la mousson, il va s'abreuver deux fois par jour et trois fois ou plus en été.
Le barasingha est un herbivore ruminant comme tous les cervidés.
Les barasinghas se rencontrent en vastes groupes. Pendant six à huit mois par an ils vivent en troupeaux mixtes dans la proportion d'un mâle pour deux femelles. Les mâles plus jeunes ou dominés n'en sont pas chassés par les mâles adultes.
L'activité journalière du cerf de Duvaucel est une alternance de période d'alimentation entrecoupées de période de rumination et de repos
A l'intérieur de la harde s'instaure une hiérarchie linéaire consécutives à des postures d'intimidation mais sans agressivité particulière. A cet égard, le comportement du barasingha, beaucoup moins agressif que le cerf d'Europe, évite le gaspillage d'énergie et permet aux mâles de ne pas s'épuiser complètement, même si les mâles dominants se réservent les possibilités d'accouplement.
Durant les périodes chaudes, on peut rencontrer de petits groupes de femelles et de leurs jeunes, alors que les mâles restent solitaires.
Pendant la saison de reproduction qui s'étend de septembre à avril, le barasingha vit dans de grands troupeaux mixtes au sein duquel les mâles forment des harems d'une trentaine de femelles qu'ils défendent farouchement. La vocalisation des mâles pendant le rut ressemble au braiment de l'âne.
Les barasinghas sont les seuls cerfs exotiques qui sont mono-oestrus - les femelles n'entrent en œstrus qu'une fois par an. Après une période de gestation estimée à une durée entre 240 et 250 jours, la femelle met au monde un seul petit, rarement deux, entre août et novembre.
La biche barasingha met bat un faon, rarement deux.
Immédiatement après la naissance, la mère nettoie le faon à coups de langue, mange ensuite les membranes et lape le liquide amniotique répandu sur le sol. Les faons sont capables de se tenir debout en général dans la demi-heure qui suit la naissance.
À la naissance, le pelage du faon apparaît très sombre, s’éclaircissant très vite à mesure que sa mère le lèche.
Après avoir nettoyé son faon, la biche se repose habituellement près de lui un moment.
Après avoir nettoyé son faon, la biche se repose près de lui pendant une courte période.
Par la suite, une autre séance de léchage a lieu et à la fin de tout cela, la mère s'éloigne lentement de l'endroit de la naissance, encourageant le faon à la suivre. À un certain moment de ce déplacement, le faon quitte la mère, adoptant une posture voutée caractéristique, la tête tenue basse et finit par se coucher, typiquement roulé en boule sur le sol. Le jeune faon va rester seul les premiers jours, couché et immobile, sa mère ne venant le voir que pour l'allaiter.
La biche encourage son petit à se lever et la suivre.
Les faons sont capables de se tenir debout en général dans la demi-heure qui suit la naissance.
La mère veille sur son petit avec énormément d'attention, elle ne s'éloigne jamais beaucoup. Lorsque qu'elle revient près de lui, elle fait des tours et des détours, pour mettre en déroute les éventuels prédateurs du faon, qui sont très nombreux au début de sa vie. Si un problème se présente, elle le défendra, avec toute son ardeur, à coup de sabots. Dès que le faon le pourra, il suivra sa mère et prendra peu à peu sa place dans le groupe, grâce au jeu (simulacre de combat, course-poursuite, etc).
Dans les premiers temps de sa vie le faon reste dissimulé. La biche ne le rejoignant que pour l'allaiter. Mère et petit restent cependant en contact par l'odeur dégagée par les larmiers du faon. En cas de danger, celui-ci bloque cette sécrétion, ce qui supprime tout contact avec la mère.
La robe du faon est mouchetée, couverte de tâches blanches qu’on appelle la livrée. Très vite, les tâches s’estomperont et le pelage deviendra uniformément roux après 2 à 3 mois.
Grâce à un lait très nourrissant, les faons de cerf barasingha grandissent vite.
Le léchage fait partie des nombreux soins que donne la biche barasingha à son faon. ll permet d'atténuer son odeur corporelle qui permettrait aux prédateurs de le repérer.
Le massage de la région anale du faon, pendant ou en dehors de l'allaitement, sert à stimuler la tétée, la miction et la défécation qui est un élément essentiel du développement du faon.
Les faons deviennent indépendants vers 6 ou 8 mois, âge où ils sont sevrés. Ils atteignent leur maturité sexuelle vers 2-3 ans.
Dès qu'il est plus solide, le faon suit la biche dans tous ses déplacements et apprend à brouter des herbes et des jeunes pousses.
Le plus vieux barasingha en captivité a atteint 23 ans. Dans la nature, les individus vivent généralement 20 ans.
Comme bon nombre de cervidés, le barasingha est une proie de choix pour les grands carnivores qui peuplent la même aire de répartition que la sienne. Ses principaux prédateurs sont le tigre et le léopard, sans compter l'homme qui reste son pire ennemi.
Le tigre et le léopard sont les prédateurs naturels du barasingha mais son pire ennemi c'est l'homme !
La population mondiale de barasinghas a subi un déclin dramatique principalement en raison de la perte de son habitat. Les plaines inondables fertiles présentes sur une grande partie de son aire de répartition ont rapidement été converties et drainées pour l'agriculture et le développement industriel. Ces cerfs sont également considérés comme une menace pour les cultures et, pour cette raison, peuvent être persécutés. Les populations vivant en dehors des zones protégées et les populations migrantes saisonnières sont menacées par le braconnage pour sa viande et ses bois qui sont vendues sur les marchés locaux.
Le barasingha fait partie des espèces menacées de disparition. Rucervus duvaucelii duvaucelii est actuellement inscrit dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN et apparaît également en Annexe I de la CITES. Rucervus duvaucelii branderi est considéré comme vulnérable et Rucervus duvaucelii ranjitsinhi en danger critique d'extinction ( moins de 800 individus en liberté)
Le barasingha subsiste encore dans un certain nombre de parcs nationaux en Inde, tels que le parc national de Kaziranga et le parc national de Manas.
Protégés dans quelques réserves et parc nationaux indiens, le cerf de Duvaucel entre dans un programme de reproduction au sein de la réserve de la Haute-Touche à Obterre, France.
Sources: (En anglais)
University of Michigan
Rucervus duvaucelii
Barasingha
Rucervus duvaucelii
Barasingha, Swamp deer
Des catastrophes "arrivent". Puis, elles "sont arrivées". Et on passe à autre chose.