Le cerf élaphe ou cerf rouge ( Cervus elaphus) est avec l'ours brun des Pyrénées le plus grand mammifère sauvage de France.
Il appartient à la famille des cervidés, mammifères ruminants, dont les mâles portent des appendices frontaux de nature osseuse: les bois. Caducs, ils se renouvellent chaque année.
Le cerf fait partie des ongulés, du sous-ordre des artiodactyles, comptant des animaux qui reposent sur le sol par un nombre pair de doigts.
Cerf élaphe, cerf d'Europe, cerf commun, cerf rouge, cerf noble sont autant d'appellations connues pour distinguer Cervus elaphus.
La famille des cervidés compte plus de cinquante espèces différentes, dont les plus petites sont le Muntjac ou cerf aboyeur (Muntiacus muntjak) et le Pudu (Puda puda et Puda mephislophiles) .Le poids du muntjac, présent en Asie , n'excède pas 16 à 18 kg, alors que le pudu d'Amérique du Sud varie entre 6 et 13kg. Les plus grands représentants des cervidés sont sans doute l' et le Wapiti d'Amérique du Nord.
Le Pudu et le Muntjac sont les deux espèces de cervidés les plus petites au monde.
Les zoologues distinguent les vrais cerfs, dont le Daim (Dama dama), le cerf élaphe ou cerf rouge (Cervus elaphus) et le Cerf Sika (Cervus nippon), tous d'origine asiatique de même que le wapiti ( C'est l'équivalent américain de notre cerf élaphe) qui passa de l'Asie en Amérique du Nord par le détroit de Bering, des ancêtres du Chevreuil (Capreolus capreolus), du Renne ou caribou (Rangifer tarandus) et de l'élan (Alces alces) qui migrèrent de Amérique du Nord en Asie en passant également par le détroit de Bering, mais en sens inverse.
Cerf et daim ( Ici,un daguet) sont facilement identifiables.
Les plus anciens cervidés connus vivaient il y a plus de trente millions d'années en Asie. Ils ne portaient pas de bois; en revanche, ils étaient armés de redoutables canines qui leurs servaient de défenses. Elles étaient fort peu pratiques pour brouter et disparurent au cours de l'évolution pour faire place à une paire de bois. A l'heure actuelle, il existe encore en Chine une espèce de cervidé pourvue de puissantes canines, c'est le chevreuil des marais ou Hydropote (Hydropote inermis).
Une biche accompagnée de son petit, le faon
La femelle du cerf est appelée biche et son petit, jusqu'à l'âge de 6mois faon. Ensuite de 6 mis à 1 an , on l'appelle « bichette » si c'est une femelle et « hère » s'il s'agit d'un mâle de 1 an à 2 ans, le jeune mâle est appelé « daguet ».
Portraits de famille : la biche, le cerf, le faon et le daguet
Le cerf mesure jusqu'à 1,50m au garrot pour une longueur de 1, 60 à 2,60m. La femelle pèse de 90 à 130 kg et le mâle de 130 à 250 kg en France. En Europe de l'Est, certains cerfs atteignent un poids de 300 kg. Le poids du cerf se stabilise vers 3 ou 4 ans chez la femelle, 6 à 7 ans pour le mâle.
Le dimorphisme sexuel est très marqué chez le cerf. La femelle est nettement plus petite que mâle et ne porte pas de bois.
Cerfs et biches possèdent un pelage estival brun roussâtre assez court qui s'allonge et vire au gris brunâtre en période hivernale . La mue se produit en avril-mai et en septembre octobre. D'une manière générale , les mâles ont un pelage un peu plus sombre en toute saison et sont , en outre, pourvus en automne et en hiver d'une sorte de crinière plus foncée. Exceptionnellement, des cerfs ont un pelage blanc, tels qu'en captivité au parc de Dyrehaven (Danemark), et au Moulin de Poyaller (dans les Landes, en France).
En période de rut, le cou du cerf se couvre d'une crinière de poils noirs.
Cerfs et biches ont une large tache fessière ocre jaune , appelée « cimier », barrée par une courte queue ne dépassant que très rarement 20 cm de longueur.
La croupe du cerf est appelée cimier
Le pelage du faon est beige-roux, avec des taches rondes, très claires, sur le dos et les flancs.
Cerfs et biches possèdent de grandes oreilles ovales et mobiles séparément pour mieux percevoir les dangers. La biche a une tête proportionnellement plus étroite et allongée que le cerf.
Le cerf possède des" larmiers", orifices d'une glande située à la commissure de chaque oeil et qui sécrètent une substance cireuse qu'il utilise, notamment pour marquer son territoire en se frottant contre les branches. L'humeur qui s'écoule des fentes pré orbitaires, très ouvertes au moment du brame , est à l'origine de la légende des pleurs du cerf aux abois.
Les larmiers du cerf sont très ouverts au moment du brame.
Les pattes élancées et musculeuses du cerf sont très bien adaptées aux courses rapides et aux bonds. Elles sont terminées par un sabot constitué de deux doigts, appelés pinces et deux os rudimentaires placés au-dessus et en arrière du talon. Ils ne s'impriment que lorsque l'animal progresse dans la boue ou la neige.
L'empreinte du cerf est caractéristique d'un ongulé.
Le cerf est taillé pour la course...
Le mode de déplacement habituel est le pas, le trot n'étant pratiqué qu'occasionnellement.
Le galop est l'allure adoptée pour fuir un danger. Il peut être extrêmement rapide et entrecoupés de sauts impressionnants pouvant atteindre une dizaine de mètres en longueur et plus de 2, 50 m en hauteur.
Excellent nageur, le cerf traverse aisément rivière et étang.
Cerfs et biches nagent très bien et n'hésitent pas à se mettre à l'eau en cas de nécessité.
Autres indices de présence , les crottes ou "fumées": Elles sont noires, de formes cylindrique, pointues à une extrémité et arrondie à l'autre.
Fumées de cerf
Les frottis et écorcages des arbres ( à 1,50m du sol) révèlent également sa présence.
Frottis sur les arbres
Les atteintes aux arbres n'ont pas toutes une cause alimentaire. Avant la perte des bois, après le dépouillement des velours et au cours du rut, les mâles y frottent leur ramure. Pour certains ce sont des dégâts, pour d'autres des indices de présence, pour le cerf des comportements naturels.
Le cerf possède des sens très développés , notamment l'ouïe. Non seulement , ils sont capables de percevoir un bruit à très grande distance mais ils peuvent distinguer si celui-ci constitue une menace ou non . Ainsi le bruit d'une tronçonneuse ne les inquiétera nullement tandis que que le craquement anormal d'une branche les mettra immédiatement en alerte.
Leur odorat leur permet aussi de détecter une présence suspecte d'assez loin à condition ,toutefois, qu'ils soient à bon vent. Leur vue, en revanche, ne semble pas très performante . S'ils sont en mesure de détecter tout mouvement anormal dans leur environnement immédiat, il leur est, par contre, difficile d'en déterminer la nature.
Hormis à l'époque du rut où les mâles raient bruyamment, l'espèce est plutôt discrète dans ses émissions sonores. Les biches émettent parfois un cri proche du bêlement, notamment à l'adresse de leur faon, ainsi qu'une sorte d'aboiement pour avertir la harde d'un danger potentiel.
Le cri du cerf ne se fait entendre qu'au moment du brame , le reste de l'année le cerf est muet.
Si, de nos jours, le cerf est un animal essentiellement forestier, il n'en a pas toujours été ainsi puisque , à l'origine, il fréquentait les plaines et les steppes où il pouvait circuler beaucoup plus facilement sans être gêné par son imposante ramure. Mais, devant la pression humaine et la modification du paysage par la mise en culture des terres, il se replia au sein des grandes étendues forestières où il trouve refuge, protection et tranquillité. Contrairement à une idée couramment répandue, ce n'est pas au plus profond de la forêt qu'ils se tiennent le plus souvent mais près des lisières, non loin de leurs lieux de gagnages nocturnes.
Lorsqu'ils se sentent en sécurité, les cerfs préfèrent généralement évoluer dans les secteurs découverts, comme les prairies, où ils ne sont pas gênés par leur ramure pour se déplacer.
Le cerf ne se repose jamais debout, mais toujours couché, les pattes sous son corps.
Les cerfs portent des bois et non des cornes creuses comme les Bovidés. Les bois de cervidés sont des caractères sexuels secondaires. Ils sont l'apanage des mâles, à l'exception des rennes chez qui les femelles en portent aussi. Ils sont appelés bois en raison de leur ressemblance avec les ramures d'un arbre.
Le développement des bois des cerfs est en grande partie fonction de la quantité et de la qualité de la nourriture disponible et de l'état de santé des animaux.
Le bois est une formation osseuse qui tombe tous les ans à la fin de l'hiver et repousse quelque jours après leur chute. Chez le cerf, les bois poussent chaque année en 4 mois environ. Leur taille augmente à chaque repousse mais le nombre de pointes nommées cors ou andouillers , n'indique pas l'âge de l'animal. Sa coiffe est à son apogée vers l'âge de 8 à 10 ans. Elle régresse au delà de 12 à 15 ans. On dit que le cerf ravale.
Le ravalement des bois consiste en une diminution plus ou moins brutale, de leur taille et de leur volume. C'est un phénomène de sénescence lié à une denture en perdition qui entraîne des carences alimentaires.
Attention cependant à ne pas confondre le processus de ravalement avec les anomalies de développement (têtes bizardes) du fait d’un défaut accidentel (blessures en velours) ou permanent.
C'est vers l'âge de 8 mois que le jeune mâle, appelé « hère », commence à développer deux petites bosses osseuses sur le front...
L'année suivante, il porte deux tiges droites, les « dagues », et prend le nom de « daguet ».
Contrairement à une idée reçue, le nombre de cors qui ornent les bois du cerf ne permet absolument pas de déterminer l'âge de l'animal.
On nomme un cerf en fonction du nombre de cors ( andouillers) présents sur ses bois. Ce cerf est un 16 cors : 8 cors sur chaque bois. Le nombre maximal de cors, qui a été répertorié en France, est de vingt-quatre. Le record du monde,en 2006, était de quarante cors pour un cerf d'élevage bulgare.
Les bois du cerf.
Les bois sont situés sur la tête du cerf, sur une zone appelée pivot:
- les premiers bois sont des dagues, vers 1 an et demi;
- à partir de 2 ans et demi, les bois seront des perches ou merrains , comportant des embranchements : les andouillers ou cors;
- à partir de 3 ans et demi , les andouillers seront dans l'ordre en partant du crâne, l'andouiller de massacre comme premiere ramification, le surandouiller comme deuxième ramification, la chevillure comme troisième ramification , la trochure comme quatrième ramification; et l'époi comme dernière ramification, qui fait partie de l'enfourchure si la perche se termine en forme de fourche à deux dents, ou bien de l'empaumure si la perche se termine en forme de main à plusieurs doigts.
Plus le cerf est âgé plus ses bois sont grands et ramifiés.
Chaque année, entre février et mai, le cerf perd ses bois (en février-mars pour les plus vieux et en avril-mai pour les jeunes cerfs et les daguets).
Ce phénomène est d'origine hormonale et lié à la variabilité de la durée du jour et de la nuit. Un bois « jeté » par un cerf est appelé une « mue ».
La chute des deux bois peut se produire en quelques minutes. Dans les cas extrêmes le second bois peut tomber plusieurs jours après le premier. La perte des bois se produit lors de mouvements brusques comme la fuite, le saut d'un obstacle ou une action mécanique externe sur la ramure.
Moins de de deux cerfs sur dix perdent leurs deux bois en même temps . Autrement dit, les chutes synchrones sont 5 fois moins nombreuses que les asynchrones !
Cerf fraîchement déboisé. La repousse va s"amorcer lentement au cours du premier mois.
Quand les bois tombent, un bref épisode hémorragique se produit,et la cicatrisation de la plaie permet la régénération du bois suivant, à partir des cellules souches du pivot. Le cerf sans bois est appelé "mulet". Il reste ainsi quelques jours avant que les nouveaux bois ne repoussent.
La repousse des bois commence sous forme de deux bourrelets de cicatrisation qui correspondent aux meules.
On dit que le cerf porte le "bonnet carré" lorsque ses bois commencent à repousser et qu'ils sont à peu près à la hauteur des ses oreilles.
Le deuxième mois, la repousse commence par la base , l'allongement des andouillers d'attaque et des sur-andouillers précédant le développement des perches.
Deux cerfs mulets adoptent une posture de défi lors d'un conflit pour l'accès à la nourriture.
De mars à juillet, les bois grandissent. Ils sont alors recouverts d'un "duvet": le velours. C'est une peau très vascularisée qui apporte les éléments nécessaires à la pousse du bois. Le bois est un os qui grandit grâce aux vaisseaux sanguins du velours.
Jeune cerf en velours.
A cette période les bois sont très fragiles: le moindre choc peut causer une malformation du bois ou même une hémorragie.
Fin juillet/ début août, la croissance des bois s'achève. La circulation sanguine qui s'effectuait dans le velours s'arrête et celui se dessèche. Il se détache en lambeaux sanguinolents dont les cerfs se débarrassent en se frottant contre les arbustes: on dit alors qu'ils "frayent". Les peaux qui tombent à terre sont, par la suite, consommées par le cerf.
Fin juillet/ début août, le cerf fraye, libérant ainsi sa nouvelle ramure des lambeaux de velours.
La couleur des bois dépend du milieu dans lequel vit le cerf. Leur coloration plus ou moins foncée, résulte de l'oxydation des pigments qui s'y trouvent. L'oxydation est initiée par leur contact avec les sucs contenus dans la séve des arbres contre lesquels le cerf frotte sa ramure. La sève du hêtre ou du bouleau, par exemple, donne des bois de couleur rousse alors que le chêne, le frêne et les résineux les colorent en brun. La couleur noirâtre est obtenue avec les sucs du charme et du tremble. Les seules parties qui ne sont pas colorées et qui restent blanches sont les extrémités des andouillers, des empaumures et des fourches, là où les frottements sont les plus fréquents.
La couleur des bois dépend du milieu dans lequel vit le cerf.
Les gouttières présentes sur les bois sont les empreintes laissées par les vaisseaux sanguins lors de la croissance des bois.
Le merrain et les andouillers des bois du cerf sont sillonnés dans leur longueur de rugosités qu’on nomme gouttières.
En août, lorsque la ramure est entièrement refaite, les animaux sont appelés "cerfs coiffés".
Les bois du cerf sont bien de la matière osseuse et non de la corne. certains scientifiques estiment qu'en une vie un cerf aura produit entre 80 et 100kg de cette matière!
Dans la vie sociale des grands cervidés, il y a une ségrégation des sexes. Les biches accompagnées de leurs jeunes vivent en hardes séparées de celles des mâles. La rencontre entre mâles et femelles n'a lieu qu'en automne au moment de la reproduction et , en dehors de cette saison, les biches ne manifestent aucun intérêt pour les mâles. Ainsi chaque sexe possède sa propre structure sociale et son propre domaine vital Cependant les hardes de mâles éclatent juste avant la courte période du brame pour se reformer à la fin de la saison de reproduction.
Tout mouvement même habituel doit être identifié.
Chez les biches, c'est la cellule familiale qui prévaut. Elle est composée d'une biche, de son faon de l'année et du jeune de l'année précédente (bichette ou daguet). Ces petits groupes familiaux se réunissent très souvent à plusieurs pour former un " harpail" c'est à dire une harde composée uniquement de femelles et de jeunes.
Le trio matriarcal biche-faon-jeune compose la cellule de base de la structure du cerf élaphe.
Ces regroupements qui peuvent être importants sont placés sous la direction d'une femelle dominante expérimentée. C'est elle qui conduit le groupe tandis qu'une autre femelle de rang supérieur ferme la marche.Toute situation anormale susceptible de présenter un danger quelconque est généralement signalée par des sortes d'aboiement brefs. Si la menace se précise la "biche meneuse" prend aussitôt la tête du groupe pour le conduire en des lieux plus sûrs.
Le harpail est constitué de plusieurs groupes familiaux
A l'inverse, les regroupements de mâles sont nettement moins important en nombre et surtout moins stables, les groupes se modifiant au fil des rencontres.
Les mâles ont tendance à s'assembler par groupes de même âge et plus l'animal est âgé plus il devient solitaire.
En été, les mâles vivent encore en harde. la croissance de leurs bois s'achève.
Un vieux cerf est quelquefois accompagné d'un cerf plus jeune appelé "page" ou "écuyer" qu'il utilise comme éclaireur lors de ses déplacements. En effet, le jeune qui l'accompagne est beaucoup plus alerte et c'est lui qui détecte le premier tout danger qui les menace, alors que le vieux mâle, plus imposant à un effet dissuasif sur les prédateurs éventuels.
Un cerf mûr accompagné de son "page"
Cerf et biches ne se côtoient qu'en période de rut.
Le cerf élaphe est un herbivore et un ruminant, mais comme tous les mammifères il est d'abord nourri , après la naissance du lait de sa mère dont les teneurs en sels minéraux s'adapteront aux poids du faon jusqu'au sevrage.
Une biche allaitant son petit de l'année.
Le cerf est un herbivore qui consacre, en moyenne, de 7 à 10 heures à son alimentation quotidienne, réparties en quatre ou six périodes de phases de rumination. C'est à l'aube et au crépuscule qu'il se restaure le plus longuement. Son type d'alimentation varie en fonction du milieu où il évolue et la saison.
Au printemps : Bourgeons , jeunes pousses et feuilles naissantes.
En été : Feuilles d'arbres, graminées, fleurs sauvages.
En automne : Glands, faînes, châtaignes, champignons.
En hiver : Rhizomes, lierre, ronces , rameaux de résineux ou feuilles mortes.
Un grand cervidé a besoin d'environ quatre tonnes de végétaux par année!
A l'exemple de tous les ruminants , l'estomac du cerf se compose de quatre parties: la panse, le bonnet, le feuillet, et la caillette. C'est dans la panse que s'accumulent les végétaux avalés précipitamment.Dans cette dernière ainsi que dans le bonnet se trouve une flore bactérienne très riche qui est absolument nécessaire à la santé de l'animal.Les micro organismes décomposent les végétaux en sucres, en acides gras et en acide lactique.
Selon, les saisons, le cerf broute quelque trois cents espèces de végétaux ainsi que des pousses d'arbres différents.
Le bonnet est une poche hémisphérique qui rassemble l'herbe en pelotes, afin de faciliter la régurgitation nécessaire pour la rumination qui intervient au repos alors que l'animal se tient dans un endroit tranquille et sûr. En outre lors de la rumination, l'herbe prédigérée qui remonte à la bouche est longuement mastiquée jusqu'à la réduire en bouillie. Les aliments mâchés, qui composent le bol alimentaire, s'engagent ensuite dans le feuillet en passant par l'oesophage. Le feuillet a un rôle physique de mastication où les aliments sont finement broyés. Le résultat de cette trituration passe ensuite par la caillette qui est le seul siège des sucs digestifs. chez les faons qui n'absorbent que du lait , la caillette est la principale partie de l'estomac où le lait est digéré. La caillette est directement liée à l'intestin qui est très long, afin d'assurer l'absorption des substances nutritives.
L'activité journalière des cerfs est une alternance de période d'alimentation entrecoupées de période de rumination et de repos.
Sauf en cas de sécheresse prolongée, le cerf boit peu, se contentant de l'eau contenue dans les végétaux. Sinon, une simple flaque boueuse peut suffire. Cerfs et biches ne lapent pas mais aspirent.
Cerfs et biches se montrent occasionnellement bipèdes pour attraper une branche, un fruit ou pour se quereller.
Le brame est la période la plus intense de la vie du cerf ; c'est également l'époque durant laquelle sa présence est la plus manifeste.
Le brame est le mot qui désigne à la fois le cri du cerf et la période de rut.
Le brame ou cri du cerf tient à la fois du rugissement du lion et du beuglement du taureau.
Dés la fin du mois d'août, les cerfs partent à la recherche des biches. Très souvent, ils sont fidèles aux même lieux et retournent dans le secteur où ils ont vu le jour. Certain cerfs viennent de très loin et parcourent de longues distances pour revenir chaque année aux même endroit: ils sont appelés les "cerfs pèlerins".
On nomme" pèlerin " un cerf qui accomplit une grande distance pour rejoindre son aire de rut.
Le cerf piste les biches à l'odeur: il entrouvre la gueule en retroussant la lèvre supérieure pour repérer les odeurs des femelles en chaleur : on dit que le cerf "muse". Le sens olfactif du cerf est très développé grâce à la présence de l'organe de Jacobson, situé sous la surface intérieure du nez dont les récepteurs sont spécialisés dans la détection des phéromones.
Le cerf muse lorsqu'il recherche l'odeur des femelles en retroussant la lèvre supérieure.
Le brame du cerf a pour objectif de signifier aux rivaux la présence d'un dominant qui revendique le droit de féconder les femelles de la harde.
A cette époque, les cerfs ont le cou gonflé et recouvert d'une sorte de crinière assez épaisse. Leur ventre est également plus sombre et ils exhalent une odeur très forte, nettement perceptible par l'odorat humain, due à la projection fréquente de sperme et d'urine servant à délimiter leur territoire.
Biches et cerfs se rassemblent sur la " place de brame" : souvent une place dégagée proche de la forêt, choisie pour faciliter la surveillance des alentours.
Ce sont les femelles qui vont déclencher l'activité sexuelle des mâles. La réceptivité des femelles est liée à la quantité journalière de lumière à laquelle elles sont exposées et la température extérieure. En sécrétant des phéromones elles vont attirer sur elles l'attention des mâles qui, progressivement, vont rejoindre les hardes.
Le but du cerf pendant le brame : rassembler un maximum de biches.
A cette période , cerfs et biches voient leurs taux d'hormones sexuelles arriver à leur apogée . Le cycle des hormones est en forte relation avec la photo-période (durée du jour et de la nuit) et la température extérieure. A l'automne, la durée du jour est basse, les températures diminuent. Ces facteurs jouent un rôle important dans l'ovulation des biches mais aussi dans l'augmentation du taux de testostérone chez les cerfs: lors du brame, ce taux est multiplié par 1000! Cela provoque une augmentation du volume testiculaire: il est multiplié par 5.
Lors du brame le volume testiculaire du cerf est multiplié par 5. (A l'échelle humaine l'homme serait muni de pamplemousses!)
Les hormones dégagées par les femelles en chaleur vont d'autant plus exciter les mâles et vice et versa : les mâles excités dégagent eux aussi de fortes odeurs qui attirent les femelles et qui peuvent avoir un rôle dans le déclenchement des ovulations.
Les mâles ne s"affrontent pas forcément en combat singulier. Les combats sont même plutôt rares et la sélection des mâles s'effectue aussi sur d'autres critères.
Les bois jouent un rôle important : la taille des bois aurait plus d'importance que les andouillers. Plus les bois sont grands, plus le cerf pourra gagner en dominance. Les cerfs portant une petite coiffe sont écartés de la place de Brame. Ils deviennent les cerfs satellites.
La concurrence entre les cerf est rude.
Le cerf marque sa présence et met en évidence son excitation en se souillant: il urine et même éjacule dans des cuvettes de boue pour se rouler dedans et dégager le plus d'odeur possible.
Les cerfs, et dans une moindre mesure les biches, se souillent pendant le brame.
Les bois garnis de boue ou de végétaux pour renforcer leur effet de masse, le fanon et le bas ventre noircis de souillure, contribuent sans doute à la fois à l'intimidation des rivaux et à la séduction des biches.
Verge sortie, bas-ventre frémissant, le cerf frotte latéralement l'extrémité de ses andouillers sur le sol jusqu'à l'émission d'un mélange d'urine et d''éjaculât dans lequel il aime ensuite se coucher.
Avant de s'affronter deux cerfs se jaugent : Ils marchent parallèlement l'un à l'autre, expriment leur force et leur hargne: ils grincent des dents, bavent et tirent la langue.
La dissuasion prime sur l'agression. Il existe tout un arsenal de postures et d'attitudes pour canaliser la violence et éviter l'affrontement: duel vocal, effet de ramure, marche parrallèle, roulement d'yeux....
La plupart du temps ces démonstrations de force sont suffisantes et les cerfs évitent les combats, affrontements épuisants à un période où toute la force est nécessaire.
Après de longues phases de défi, des combats peuvent éclater.
Quand les rituels sont inefficaces, le "cor à cor" s'engage. ne se battent vraiment que des adultes très proches hiérarchiquement.
Ce sont les cerfs de même corpulence qui combattent. Les cerfs plus légers, conscient de leur infériorité, n'engagent pas d'affrontements avec de gros mâles.
Combat pour la dominance et le droit de se reproduire.
La plupart des combats sont brefs mais certains, plus longs et plus rudes, laissent des séquelles. Pour ce cerf c'est un oeil crevé mais cela ne n'empêchera pas de rester "Maître de place".
Les cerfs dominants sont souvent les plus gros et puissants mais il arrive qu'un cerf plus fin mais très hargneux s'impose aussi.
Un cerf devenu dominant se reproduit avec les biches regroupées en harpail. Une biche est saillie 3 à 4 fois avant d'être fécondée. Une biche n'accepte l'accouplement que pendant ses chaleurs. Elle a un pic d'ovulation de 24 à 48 heures et les biches n'ont pas leurs chaleurs toutes en même temps. Le cerf dominant doit donc constamment surveiller toutes ses biches pour repérer celles qui sont réceptives.
On nomme "pariade" l'approche rituelle de la biche en oestrus .Tant qu'elle n'est pas totalement réceptive , la biche se dérobe autour de la harde, menant son prétendant par le bout du nez ...et de la langue.
Le cerf dominant doit régulièrement faire le tour de son harpail pour surveiller les alentours et les cerfs satellites qui cherchent sans cesse "à prendre la place du chef" ou simplement à s'accoupler. Un cerf dominant doit toujours impressionner les autres mâles, les faire fuir, tout en s'accouplant le plus possible avec ses biches.
Les daguets sont écartés du harpail dés le début du brame par le cerf dominant.
Avec tout ce "travail", un cerf dominant n'a plus le temps de dormir ni des se nourrir. Il perd donc beaucoup de poids: en deux semaines de Brame, un cerf dominant peut perdre jusqu'à 30 voire 40 kg!
Un cerf peut réaliser jusqu'à 15 saillies par jour! A la fin de l'accouplement (qui ne dure que quelques secondes !) le cerf se dresse sur ces pattes postérieures et repousse la biche : on dit qu'il fait la chandelle.
La saillie est de courte durée et s'achève par une "chandelle", coup de reins que le cerf donne en se dressant en l'air.
Attention : un cerf dominant ne réussit pas forcément à saillir toutes les biches de sa harde. Au bout de quelques semaines , le cerf, très amaigri, exténué, est contraint de laisser sa place à un autre cerf, un peu plus en forme que lui.
Je te montre comment il faut faire...
Voilà ce qui t'attends ma fille....
Les montes ou tentatives qu'on observe parfois chez les cerfs semblent davantage liées au jeu et à la dominance qu'à la sexualité proprement dite.
C'est ainsi que chaque année , en quelques semaines que durent le Brame du cerf, deux à trois cerfs se succèdent en Maître de place. Les plus puissants et les plus hargneux accèdent à la dominance et se reproduisent . C'est une sélection naturelle qui permet aux plus forts de transmettre leurs gènes à la descendance.
Le cerf marque son territoire en poussant de longs raires.
Le brame atteint son apogée fin septembre.
L'espérance de vie du cerf élaphe est de 15 à 20 ans mais rare sont les individus qui survivent aussi longtemps.
55925 c'est le nombre de cerfs victimes des chasseurs en 2013 (Sources : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. Bulletin n°301.4ème trimestre 2013). Pour lire l'intégralité du document, cliquez ici.
En France, 800 cerfs sont officiellement percutés, chaque année, par des automobilistes. Un chiffre probablement très en dessous de la réalité. Selon Stéphane Rossi, qui étudie en naturaliste la forêt de Rambouillet, la route et le braconnage font plus de victimes que la chasse dans ce massif. Il faudrait généraliser l'emploi de dispositifs de protection en bordure des voies, comme par exemple les miroirs réfléchissants qui dissuadent les animaux de traverser la nuit, à l'approche d'un véhicule.
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Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages (2008)
Sylvain Tesson