Le Bouquetin des Alpes (Capra ibex) est un mammifère de l'ordre des artiodactyles (ongulés herbivore possédant un nombre pair de doigts). Il appartient à la famille des Bovidés, comme la chèvre domestique et le chamois et à la sous-famille des Caprinés. Le mâle s’appelle le bouc, la femelle se nomme une étagne et son petit est le cabri.
Le bouquetin des Alpes présente un dimorphisme sexuel très prononcé, les mâles peuvent peser 2 fois plus que les femelles et portent des cornes beaucoup plus longues
Le nom bouquetin serait un diminutif de « bouc ». D’’origine germanique « bock », il serait dérivé de la forme romane « boc ». Il pourrait aussi provenir de la racine « bucco » qui serait commun au germanique et au celte. D’autres pensent que son nom serait dérivé du francais-provençal « boc estaign » au 13ème siècle. On y retrouve les mots « boc » pour « bouc », le mâle du bouquetin ainsi que « estaign » ou estagne (étagne) qui est la femelle. Au 16ème siècle, ce nom aurait serait devenu « bouquestain »
Représenté dans les grottes de Lascaux, le Bouquetin des Alpes est un mammifère ancestral qui fascine les hommes depuis des millénaires. Durant l’époque préhistorique, cet animal de la roche était présent quasiment partout en France. Après l’invention de l’arbalète, puis de l’arme à feu, le Bouquetin a complètement été éradiqué du territoire français, et a failli disparaître de la surface de la Terre.
Moins nombreuse que celles de chevaux, les peintures de bouquetins sont pourtant présentes dans le bestiaire des hommes de la préhistoire.
A taille adulte, le bouquetin des Alpes atteint jusqu’à 95 cm de hauteur au garrot avec une taille du museau à la queue comprise entre 130 et 150 cm pour les mâles et de 100 à 130 cm pour les femelles. Les boucs sont également plus lourds avec un poids moyen oscillant de 70 à 110 kg et seulement de 40 à 75 kg pour les étagnes.
Moins gracile que le chamois, le bouquetin est tout en muscles et en puissance, notamment au niveau de ses membres postérieurs. Malgré sa silhouette massive, il fait preuve d'une agilité hors du commun lorsqu'il évolue dans les rochers
Le bouquetin des Alpes a une préférence marquée pour les habitats à dominante rocheuse.
Chez le bouquetin , hormis les deux premières années, la confusion entre mâle et femelle , ou étagne, n'est guère possible : le mâle adulte est deux fois plus lourd que la femelle ! De plus ses cornes peuvent mesurer jusqu’à 6 kg, et mesurer jusqu’à 1 m alors que celles des femelles ne dépassent que rarement 20 cm. On note que les cornes ont une seule courbure et qu’elles sont annelées avec des bourrelés bien marqués. Enfin les mâles porte une touffe de poils plus long sous le menton qui fait penser à une barbiche.
Les mâles ont de longues et fortes cornes annelées latéralement et incurvées vers l'arrière. Contrairement aux cervidés, qui perdent leurs bois chaque année , les bovidés conservent leurs cornes fixées sur une cheville osseuse toute leur vie . Si la longueur des cornes du chamois n'évolue guère au-delà de cinq ans, celle du bouquetin mâle croit toute sa vie.
Contrairement aux idées reçues, les nodosités des cornes des bouquetins mâles ne permettent pas de calculer leur âge. Ce sont en fait les stries de croissance de l'encornure formant une suite d'étuis emboîtés qu'il faut compter pour déterminer l'âge d'un mâle adulte.
L'étagne est la femelle du bouquetin. Ses cornes sont plus courtes, plus fines et dépourvues de bourrelets.
La distinction entre la femelle bouquetin et le chamois se fait à la couleur (plus sombre et plus gris pour le bouquetin). L'allure du chamois est plus fine.
Le cabri est le jeune bouquetin de moins d'un an .On remarque le bout de ses cornes qui commence à pointer.
Durant la deuxième année, le mâle bouquetin est appelé éterlou et la femelle éterle.
La couleur du pelage des mâles adultes varie sensiblement en fonction des saisons. En période estivale, le poil est de couleur beige à brun clair est court (2,5 à 4cm). À l'automne, il tombe lentement et est complété par une fourrure à poils plus longs et épais, de couleur brun foncé presque noir.
La mue printanière commence à la fin de l’hiver à partir d’avril. Les bouquetins se débarrassent de leur fourrure hivernale en se frottant sur les rochers et les arbres. C’est alors qu’on observe le bouquetin se gratter contre un arbuste ou un rocher et les mâles se grattent l’arrière du corps avec leurs cornes.
Le pelage du bouquetin des Alpes change de couleur selon la saison en passant du brun roussâtre au gris brunâtre.
La robe des femelles adultes est, en toutes saisons, beaucoup plus claire . Elle est d’un beige jaunâtre ou châtain fauve à l’exception du ventre blanchâtre. Les membres et la bande dorsale, quand elle existe, sont plus foncés. En hiver ces teintes sont légèrement assombries.
La livrée des jeunes animaux est plus claire encore que celle des femelles.
La robe des femelles adultes est, en toutes saisons, beaucoup plus claire que celle des mâles.
La mue a lieu au sortir de l'hiver. Les bouquetins se débarrassent de leur fourrure hivernale en se frottant aux rochers et aux arbres. Il n'est pas rare à cette période de retrouver des poils accrochés à la pierre et aux arbustes. Cette mue est également à l'origine de démangeaisons que les bouquetins mâles tentent de calmer à l'aide de leurs longues cornes.
Durant la mue, les bouquetins ont mauvais aspect et paraissent malades. Les cornes, surtout chez les mâles les aident à se gratter le dos, l'arrière train et les flancs.
Le bouquetin est un grimpeur hors pair grâce à ses sabots aux bords cornés rigides qui lui assurent un pas sûr, et à la sole (dessous du sabot) souple qui l'empêche de glisser. Ses deux pinces sont indépendantes l'une de l'autre et le pied peut ainsi s'adapter aux irrégularités du terrain. Les «chaussons d’escalade» du bouquetin fonctionnent ainsi presque comme des ventouses, faisant de cet animal lourd et massif un grimpeur agile.
Le bouquetin possède un large sabot renflé au niveau du talon avec une partie molle appelée la sole. Dans les pentes raides, à l'arrière de ses talons, des ergots font saillie et augmentent la surface d'adhérence au rocher.
Le Bouquetin est plus lent et plus placide que le Chamois. C'est l’Ongulé sauvage d’Europe le moins craintif. Néanmoins quand c'est nécessaire, il peut sauter plus de 6 mètres de longeur, et galoper à plus de 70 km/h sur terrain plat.
Le bouquetin des Alpes est peu farouche. Même dérangé, le bouquetin ne fuit pas à toute allure. Au contraire, il s'éloigne sans précipitation.
La vue du bouquetin est excellente, comme le chamois. Son ouïe est fine et sélective. Par exemple, il ne s’émeut pas des fracas lointains des avalanches de glace ou de neige, mais en revanche il réagit aux moindres bruits qu’il localise près de lui.
Son ouïe est fine. Il perçoit les craquements de la neige et se met à l’abri avant que l’avalanche ne se soit déclenchée. Son odorat très subtil. Dans des conditions atmos- phériques idéales, il peut flairer l’homme à plus de 500 m. Le bouquetin a une bonne mémoire visuelle et surtout un excellent sens de l’orientation.
Le bouquetin est doté de sens très développés : ouïe très fine, excellente vision, odorat très performant.
On retrouve le bouquetin dans les Alpes françaises et italiennes, en Suisse, en Autriche, en Bulgarie, en Yougoslavie et dans le sud de l’Allemagne. Cette espèce a failli disparaître à la fin du XIXème siècle puisqu’il ne restait que quelques individus dans le Piémont seulement.
En 1856, suite à la décision du Roi d’Italie Victor-Emmanuel II de protéger les derniers individus de la vallée d’Aoste, le Bouquetin des Alpes a échappé à l’extinction, et a pu être réintroduit dans quelques massifs. Aujourd’hui, on compterait, en France, une trentaine de populations pour environ 9 000 individus.
Cet animal fréquente les zones montagneuses, plus particulièrement les zones difficilement accessibles comme les falaises, les éboulis, les sommets rocheux à des altitudes pouvant aller de 1000 m à plus de 3200 m et les hautes prairies. En hiver, les bouquetins descendent au bas des montagnes afin de se réfugier du froid et pour se nourrir dans les forêts où les couches de neige sont moins épaisses.
Le bouquetin est un excellent grimpeur très à l'aise dans la montagne, évoluant dans les parois rocheuses les plus abruptes avec une aisance déconcertante.
Le bouquetin des Alpes est une espèce essentiellement grégaire. Cependant, mâles et femelles vivent en hardes séparées pendant la majeure partie de l'année.
Pendant l'été, les mâles adultes restent solitaires ou vivent en petits groupes de célibataires. Ils se tiennent plus haut que les femelles et les jeunes, qui forment de petites hardes (chevrées) menées par une étagne plus âgée et plus expérimentée.
La période du rut est la seule occasion où les hardes se mixent.
Le bouquetin est un animal grégaire, vivant en harde le plus souvent. Les hardes, à la composition plus ou moins stable, rassemblent les femelles d'un côté, les mâles de l'autre.
Les femelles se regroupent en chevrées comprenant les jeunes de l'année et de ceux de l'année précédente.
Pendant la belle saison, les bouquetins pâturent de l'aube à l'arrivée du soleil, puis du coucher du soleil à la nuit et se reposent pendant les heures chaudes. Ils choisissent alors des emplacements souvent escarpés qui leur offrent une excellente visibilité.
En hiver
Le bouquetin est un ruminant, c'est à dire que l'herbe ingérée n'est pas mâchée immédiatement mais est stockée dans une poche, la panse. Lorsque arrive le moment de la pause, sur une pente ensoleillée le plus souvent, l'herbe est régurgitée puis mâchée et enfin avalée définitivement en direction du tube digestif.
Herbivore, le bouquetin peut manger jusqu'à 20 kilogrammes par jour de graminées, de rameaux de genévriers, de rhododendrons et de trèfles. Bien qu'il ait du mal à digérer les mousses et les lichens, il lui arrive également de les manger. Il n'est pas rare de le rencontrer en montagne aux abords des pierres à sel destinées aux troupeaux, sel dont son organisme a besoin et qu'il trouve également dans les schistes. Il absorbe régulièrement de l'eau sous forme de neige ou de rosée, mais se désaltère rarement dans les ruisseaux ou les mares.
Selon la quantité d'eau contenue dans les aliments qu'il consomme, le bouquetin peut passer plusieurs jours sans boire, et lèche fréquemment les sels minéraux tout au long de l'année.
Pour boire ou brouter le bouquetin s'agenouille souvent, ce qui provoque des callosités sur les "genoux".
La période du rut a lieu pendant l’hiver entre le mois de décembre et la fin du mois de janvier. Les mâles rejoignent les femelles et se livrent à des combats rituels : ils se dressent sur leurs membres postérieurs puis se laissent retomber en se frappant les cornes.
L’étagne va être poursuivie par le mâle et celui-ci va adopter une étrange attitude qui est de tendre les naseaux en direction de la femelle, langue pendante et cornes rejetées vers l’arrière tout en grattant la terre, par moments, avec son sabot.
La gestation va durer 5 mois et demi (167 jours pour être précis) et la femelle mettra bas entre le mois de mai et le mois de juin. On note qu’elle va s’isoler de la harde afin de mettre bas. Généralement l’étagne donne naissance à un petit et très rarement deux qu’elle va allaiter pendant 2 mois. Quelques heures après sa naissance, le cabri saute sur ses pattes et se met aussitôt à grimper et courir auprès de sa mère. Dès qu’il a faim, il se met à émettre un son (cri) pour signaler son besoin.
Posture typique de mâle pendant le rut. En effet, la femelle en oestrus dégage des hormones parmi lesquelles les oestrogènes, que le mâle peut analyser. Ce dernier détecte les molécules au niveau de son palais où se situe l'organe de Jacobson, semblable à celui utilisé par les serpents afin de suivre une proie à l'odeur.
Le jeu consiste à faire reculer son adversaire.
Les joutes des bouquetins permettent de les repérer de loin. La percussion des cornes provoque des bruits creux qui portent à plus d'un kilomètre !
Ces joutes ne s'expriment pas seulement avant le rut, elles s'observent toute l'année et définissent la hiérarchie au sein d'une harde.
Combat rituel de bouquetins mâles pendant le rut.
Les montes ou tentatives qu'on observe parfois chez les bouquetins semblent davantage liées au jeu et à la dominance qu'à la sexualité proprement dite.
Le bouquetin des Alpes peut vivre jusqu'à 18 ans. L'âge de l'animal se compte au nombre de sillons postérieurs des cornes (les bourrelets de la face antérieure ne sont que des ornements).
Les causes de mortalité sont essentiellement les avalanches et les chutes, depuis qu'il n'est plus chassé.
Les cornes des grands mâles, trop convoitées comme trophée, ont failli conduire à l'extinction du bouquetins Alpes.
Le bouquetin n’a presque pas de prédateur dans les Alpes. L'aigle royal et le renard peuvent attaquer les jeunes cabris au cours de leurs premières semaines de vie. Quant au lynx et au loup, ils pratiquent exceptionnellement des attaques sur des sujets adultes
Parmi les prédateurs du bouquetin figurent l'aigle royal , le renard, le lynx, et surtout le loup depuis son retour spontané d'Italie.
Le bouquetin est une espèce protégée en France. L’arrêté ministériel du 17 avril 1981 interdit la chasse « en tout temps » de ce paisible et bel animal devenu emblématique des montagnes. À l’échelle européenne, les bouquetins sont protégés par la Convention de Berne.
A l'échelle planétaire, la responsabilité patrimoniale de la France en matière de conservation du bouquetin des Alpes est fondamentale : notre pays représente plus du tiers de l'étendue géographique sur laquelle cette espèce est répandue.
Signalons que le bouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaica) n’a pas eu la même chance et à disparu en 1999.
De format plus petit que le Bouquetin des Alpes, le Bouquetin ibérique (Capra pyrenaica) est un animal trapu, campé sur des pattes robustes munies de sabots incroyablement adhérents à la roche. Son pelage est variable en épaisseur et couleur selon les saisons, devenant plus clair et plus court en été. Ses cornes légendaires lui donnent une silhouette caractéristique. De taille modeste chez la femelle, elles peuvent atteindre 90 cm chez le mâle adulte. Leur forme est très variable, le plus souvent torsadée en lyre, ce qui les distingue du Bouquetin des Alpes.
Le Bouquetin ibérique est présent des deux côtés des Pyrénées sous la forme d’une sous-espèce endémique. Si en Espagne, le Bouquetin ibérique est chassable, en France l’espèce est protégée.
Le bouquetin de Nubie (Capra nubiana) originaire d'Afrique du Nord-est, est généralement considéré comme une sous-espèce de bouquetin des Alpes, et son statut en tant qu'espèce distincte n'est encore pas unanimement accepté.
Plus léger que le bouquetin des Alpes, cette espèce africaine est de couleur brune clair avec un ventre blanc et des membres tachés de noirs. Social, il vit en groupe familiaux de femelles et leurs jeunes dans les montagnes Nubiennes. Son statut d'espèce en danger, traduit une forte pression qui pèse sur ce bouquetin quasi éteint. Quelques populations subsistent en Egypte de l'Est et en arabie.
Le bouquetin de Nubie (Capra nubiana) est l'une des plus petites espèces de bouquetin. Il mesure entre 1,05 et 1,25 m de long, de 65 à 75 cm de haut pour un poids allant de 25 à 75 kg.
Si, parmi les cousins du bouquetin, on devait élire le plus << noble >>, ce serait sans doute le markhor (Capra falconeri) pour ses grandes cornes spiralées. trop convoité par les populations locales et certains chasseurs occidentaux, cette magnifique espèce est classée par l'IUCN comme En danger (EN), car il y a moins de 2500 individus matures vivant à l'état sauvage. Le markhor est l'animal national du Pakistan.
Le markhor (Capra falconeri) possède d'immenses cornes en spirale pouvant atteindre plus d’un mètre et demi de long chez les mâles.
La chèvre sauvage crétoise (Capra aegagrus creticus) aussi appelée Agrimi ou Kri-Kri est une espèce emblématique de Crète, qui vit en liberté, exclusivement au coeur des Montagnes Blanches, dans le Parc National des Gorges de Samaria. Cette petite chèvre aujourd'hui protégée est l'une des plus rares d'Europe. Il n'en resterait que 300 à 500 individus. Elle a bien failli disparaître, victime d'une chasse intensive et excessive jusque dans les années 1950 pour sa viande et pour servir de trophées aux hommes.
La chèvre sauvage crétoise (Capra aegagrus creticus) est un emblème de la Crète et a une importance considérable dans l'histoire culturelle de l'île.
L’Homme a aujourd'hui acquis un tel pouvoir sur le monde matériel que dans un avenir proche, il détruira les plus belles et les plus merveilleuses formes de vie animales et végétales, sauf celles qu'il aura conservées dans ses jardins et ses zoos.
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