Le glouton (Gulo gulo) également appelé carcajou au Canada, est l’un des carnivores le plus mal connu au monde. Au premier regard on pourrait le prendre pour un jeune ours. En fait le glouton appartient au même groupe zoologique que le furet, la belette ou la loutre : les Mustélidés.
Autrefois présent sur l'ensemble du territoire canadien, les populations de glouton sont surtout présentes dans l'ouest du pays et en Alaska. On peut le trouver également mais de manière plus sporadique aux États-Unis, dans quelques secteurs des montagnes Rocheuses (Wyoming, Montana, Utah et Californie...) Il est présent également dans la partie nordique du continent eurasien où il fréquente les vastes forêts de conifères que forment la taïga ainsi que la toundra. (Suède, Norvège, Finlande, pays baltes, nord-est de la Pologne), Russie, Sibérie.
Le glouton est le plus grand mustélidé terrestre et c'est la seule espèce du genre Gulo. Il existe 6 sous-espèces de gloutons. Quelle que soit la sous-espèce, glouton d’Europe (Gulo gulo gulo) ou glouton d’Amérique du Nord (Gulo gulo luscus), le glouton est considéré comme dangereux et donc persécuté par l’Homme en permanence.
Le glouton a été accusé des crimes de la « bête du Gévaudan ». Il s'agit de l'une des nombreuses hypothèses concernant la nature de cette créature car il correspond au profil fait de la bête par les victimes.
Malgré sa ressemblance avec l’ours, le glouton fait partie de la famille des Mustélidés. C'est donc un cousin géant de la belette et du furet.
Le nom français "glouton" fait référence à la voracité de l'animal. Le nom donné par les indiens de la tribu des Micmacs (une des premières nations du Canada), Kwi'kwa'ju (carcajou) signifie « esprit maléfique » On l'appelle aussi parfois "ours-mouffette "(skunk-bear) car il marque son territoire et sa nourriture d’urine et de musc ou encore "Wolverine", homonyme parfait d'un super-héros issu des BD Marvel, popularisé par de récentes adaptations au cinéma et directement inspiré du tempérament hargneux, des impressionnantes griffes et du caractère solitaire de l'animal.
La légende du glouton raconte l’histoire de deux vieilles femmes piégées par un malicieux glouton. (Durée de la vidéo: 4’)
Glouton désigne plutôt la sous-espèce européenne et Carcajou la sous-espèce canadienne.
L’ odorat très développé du glouton lui permet de détecter de très loin la nourriture ainsi que la présence humaine. Doué d'une grande force, le glouton est capable de traîner des carcasses sur une longue distance. Le glouton a longtemps été peu apprécié des habitants des régions nordiques. On prétend qu'il est capable de détruire les installations des trappeurs en subtilisant les appâts ou les animaux pris au piège. On rapporte qu'il pille et souille à l'occasion les caches de nourriture et peut parfois causer un grand désordre dans les campements, d'où le nom d'« esprit maléfique » que les Micmacs lui donnèrent. Cette réputation correspond à des comportements de l'animal qui, nécrophage et opportuniste, doit se nourrir de tout aliment disponible.
La légendaire férocité du glouton n’est pas un mythe. Au Canada, le glouton est qualifié d'« animal le plus féroce du Grand Nord !
Le glouton a l'apparence d'un ours de petite taille auquel on aurait ajouté une longue queue touffue. Il a une tête large, des oreilles courtes et son museau est allongé. Il possède l’une des fourrures les plus remarquables parmi tous les animaux à fourrure. Celle-ci est généralement d’un brun foncé riche et brillant.Un masque facial pâle peut être présent ainsi que des bandes latérales de couleur jaunâtre qui partent des épaules pour se rejoindre à la base la queue.
La fourrure du carcajou demeure l’une des plus prisées pour sa beauté et parce que le givre s’enlève facilement de sa surface. Les Inuits et les Dénés du nord du Canada l’utilisent comme bordure et doublure de leurs vêtements, tels que les parkas, mitaines et mocassins.
La tête du glouton ornée d'un masque facial est ronde. Ses oreilles sont courtes et arrondies.
Le glouton possède des glandes à musc caractéristiques des membres de la famille des mustélidés. Les sécrétions jaunâtres produites par ces glandes ont une odeur fétide. Il lui arrive de cacher de la nourriture sous la neige après l'avoir imprégnée de sa forte odeur, dissuadant ainsi tout intrus de la lui dérober.
Petite boule de fourrure, trapu avec des griffes et des mâchoires redoutables, le glouton vit dans un environnement difficile.
Ce mustélidé est semi-plantigrade, c'est-à-dire qu'il marche sur la moitié de la plante des pieds. Les pieds, munis de cinq doigts, sont larges par rapport au corps. Ceux-ci sont bien adaptés pour marcher dans la neige. Ses longues griffes recourbées sont semi-rétractiles, ce qui signifie qu’il peut les rentrer partiellement, elles permettent de creuser mais surtout de grimper aux arbres.
Les griffes semi-rétractiles du glouton lui permettent de grimper facilement aux arbres.
On observe un dimorphisme sexuel assez prononcé chez cette espèce. Les mâles adultes atteignent un poids moyen de 15 kg comparativement à 10,5 kg pour les femelles. La longueur corporelle moyenne d'un adulte varie de 65 à 105 cm, celle des mâles étant légèrement supérieure à celle des femelles. Les gloutons qui vivent le plus au Nord sont généralement plus grands que ceux qui vivent au Sud.
Le glouton a été décrit comme étant la créature la plus féroce sur Terre. Courageux et rusé, il reste d'un naturel très méfiant, et peut être particulièrement agressif face aux autres animaux, surtout lorsqu'il se sent menacé. Dans le Grand Nord canadien, il est considéré comme très dangereux et cette réputation n'est pas usurpée. Le glouton est capable de déloger un lynx ayant trouvé refuge dans un arbre et de le tuer, de faire face à un loup ou même à un ours pour défendre sa proie.
C’est en fait sa dépendance envers les charognes qui a donné lieu à des exagérations quant à sa gloutonnerie et sa férocité. Toutefois, cette réputation est née de la force légendaire et de la ténacité de cet animal, comme en ont témoigné de nombreux chasseurs et trappeurs du Nord. Il n’a toutefois jamais été documenté d’attaque de glouton sur un humain.
Les gloutons peuvent atteindre 45 km/h en vitesse de pointe et parcourir environ 40 km par jour.
Le glouton est un animal opportuniste, capable d'une faculté d'adaptation exceptionnelle. Il n'installe pas de gîte véritable sauf pour la période de reproduction.
Le glouton n'a pas de véritable abri. Il s'installe d'une façon rudimentaire à même le sol, sous une souche, dans le creux d'un arbre,.
Il s'abrite habituellement sous une souche, dans un buisson ou même à l'intérieur d'une carcasse d'animal. Parfois il se couche en rond dans la neige sous un arbre. Les grottes font aussi de parfaits abris pour les gloutons. Considérant qu'il chasse jour et nuit, et à longueur d'hiver, il ne s'abrite donc que rarement, même par les temps les plus rudes.
Les gloutons peuvent parcourir de grandes distances au cours de leurs activités de chasse quotidiennes, les mâles se déplaçant davantage que les femelles.
Le glouton utilise le marquage olfactif pour souligner sa présence. Il marque ainsi son territoire et sa nourriture avec de l'urine et des sécrétions provenant des glandes à musc ou avec des excréments qu'il dépose sur le sol, les rochers ou les souches. Il gratte également le sol ou les troncs d'arbres, laisse des marques de griffes ou de morsures sur les branches ou les souches. Pendant toute l'année, le glouton a fréquemment recours à ce type de marquage au cours de ses déplacements.
Quand il bâille le glouton dévoile une redoutable mâchoire ne laissant aucun doute quant à ses préférences alimentaires.
Le glouton est surtout nocturne, mais il peut également être actif durant le jour. Il ne migre pas, mais il se déplace toute l'année. Le carcajou peut parcourir chaque jour de très longues distances. L'espèce possède une grande endurance qui lui permet de circuler en terrain accidenté et dans la neige épaisse. Il effectue aussi des déplacements suivant les saisons, la distribution et l'abondance des proies. Il semble que les rivières, les chaînes de montagnes, les autoroutes et autres barrières géographiques ne limitent pas les déplacements de cette espèce. Le glouton est solitaire sauf durant la période de reproduction.
Les mâchoires du glouton sont robustes et actionnées par de puissants muscles masticateurs. Cette capacité de nettoyer les carcasses lui a valu le surnom de « hyène du Nord ».
Le glouton se nourrit de manière essentiellement opportuniste et consomme une grande variété d'aliments selon leur disponibilité. Son régime estival peut comporter des fruits, des baies, des insectes, des poissons, des œufs, des oiseaux et des petits mammifères.
En hiver, le glouton devient principalement nécrophage. Il dévore entre autres les restes des proies tuées et laissées par d'autres carnivores, dont celles du loup, et les animaux morts de façon naturelle. Les grands ongulés constituent ses principales proies à cette période de l'année. Dans les territoires nordiques, les caribous constituent le principal élément de son régime alimentaire.Quand il ne trouve pas de nouvelle carcasse, il retourne vers une précédente et mange ses os gelés.
Il semble que le glouton ne soit pas un chasseur efficace. Il ne possède ni la vitesse, ni l'agilité des félidés et des canidés pour rattraper et tuer sa proie. ll dévore souvent des animaux pris au piège. C'est ainsi qu'il peut parfois tuer un caribou des bois ou un orignal ralenti par la neige ou affaibli par la maladie.
Bien adapté à la vie de charognard, le glouton a des dents et des mâchoires robustes qui lui permettent de broyer de gros os et de manger de la viande gelée
Les femelles seraient sexuellement matures à l'âge de 12 à 15 mois et auraient une première portée à l'âge de 2 ans. La période d'accouplement se déroule de mai à juillet et peut s'étendre jusqu'au début de l'automne. Pendant cette période, le mâle et la femelle demeurent ensemble pour quelques jours seulement.
Lorsque la femelle est sexuellement réceptive, le mâle monte sur son dos et lui mord la nuque. Cette dernière tente de fuir au début puis lâche prise au bout d'un moment. Les deux animaux roulent d'un côté, puis de l'autre. Mais le mâle ne lâche pas sa prise. Une fois calmée, la femelle glouton se laisse faire sans toutefois rester immobile. L'accouplement peut durer plusieurs dizaines de minutes. La fin est marqué par de violents débats et des cris aigus. La femelle se retourne violemment contre le mâle qui se retire prudemment pour ne pas être agressé.
L'accouplement du glouton est violent. Le mâle saisit au cou la femelle avec ses dents et ne la lâche plus. Il peut quelquefois la traîner !
Le mâle est polygame; étant donné le grand domaine vital de l'espèce, une longue période d'accouplement permet au mâle de maximiser le nombre de femelles avec lesquelles il peut s'accoupler. La reproduction est annuelle, mais en période de disette, l'animal peut ne pas se reproduire.
La période de gestation, de l'accouplement à la mise bas, est de sept à neuf mois. Comme chez de nombreux mustélidés, l’implantation est différée; le développement de l’embryon ne s’amorce que quelques mois après la fécondation. Le nombre de petits par portée varie de un à cinq, mais se limite généralement à deux ou trois. Les jeunes naissent entièrement couverts d'un fin pelage frisé de couleur crème. Les jeunes gloutons quittent la tanière vers l'âge de 12 à 14 semaines, alors qu'ils commencent à revêtir leur pelage adulte. La période pendant laquelle les jeunes suivent leur mère est incertaine. Elle s'établit probablement à une année environ.
Peu de petits survivent à leur première année car certains sont victimes de prédation ou meurent de faim.
Première naissance en Belgique depuis la Préhistoire - Domaine des Grottes de Han
Après deux mois passés auprès de sa mère, à l'abri des regards, le tout premier bébé glouton belge pointe enfin le bout de son museau. Un des animaux les plus surprenants d'Europe ! Le glout...
http://www.grotte-de-han.be/fr/news/premiere-naissance-en-belgique-depuis-la-prehistoire
À part l'homme qui le trappe pour sa fourrure, le glouton connaît peu de prédateurs : le loup gris, l'ours et éventuellement le cougar.
S’il rencontre un prédateur tel un ours, le glouton peut l’attaquer, surtout pour défendre son butin. Cependant, malgré sa détermination, il ne peut venir à bout d’un tel adversaire.
Contre un loup isolé, la lutte est équilibrée, par contre, le glouton succombe facilement à une meute affamée.
Le glouton peut vivre au moins 10 ans à l'état sauvage, et en captivité il peut atteindre l'âge de 15 ans.
Le glouton connaît peu de prédateurs : le loup gris, l'ours et éventuellement le cougar.
En raison de la destruction et de la fragmentation de son habitat naturel, mais aussi de l’exploitation illicite de sa fourrure d’une grande valeur, le glouton est en danger d’extinction. Il figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) en tant qu’espèce vulnérable.
Il resterait environ 2.000 gloutons à l’état sauvage en Europe dont 1.500 en Russie et 200 en Finlande. Les chiffres pour l’Amérique du Nord sont inconnus mais on sait qu’il tend à se raréfier au Canada, et qu’il ne survit guère que dans quelques états américains. Pour survivre, les derniers gloutons se sont réfugiés dans les régions les plus inhospitalières. La diminution de la variété génétique au sein des populations amènera à terme la disparition d’un prédateur pourtant fascinant. Une fois encore, l’Homme a réussi sans mal à exterminer une espèce.
Des associations américaines veulent faire interdire la chasse du glouton dont il resterait moins de 300 specimens dans les montagnes du nord-ouest des Etats-Unis.
Le glouton étant en grande partie charognard, le déclin du loup gris le prive d'une part non négligeable de son alimentation habituelle car il ne trouve plus de carcasses d'herbivores en suffisance
Le glouton est rare en captivité : il peut être observé dans cinq parcs animaliers ou zoos en France : à la Réserve zoologique de Calviac, au Parc animalier d'Auvergne, au Parc zoologique de Paris, au Parc zoologique d'Amnéville et au parc animalier de Sainte-Croix en Moselle depuis le début d'année 2016 . En Belgique, la réserve du domaine des grottes de Han héberge des gloutons depuis 2015.
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