Le Diable de Tasmanie est le plus grand marsupial carnivore d'Australie depuis la disparition du tigre de Tasmanie. Bien loin du personnage de Taz dans les Looney Tunes, cet animal endémique au pelage noir et blanc, véritable emblème de l'île, a plutôt l'air d'un petit chien à la bouille d'ourson. Le diable de Tasmanie est si populaire que des équipes de sport portent son nom.
Son nom lui a été donné par les premiers colons qui étaient effrayés par son cri. Ils entendaient son inquiétant hurlement la nuit, en provenance de la forêt. Avant même qu’ils ne découvrent cette espèce, ils l’avaient déjà affublée du nom de « diable », répandant la rumeur que la Tasmanie était hanté par le démon. Ils l’ont par la suite traquée et ont largement contribué à la croyance – fausse – selon laquelle il s’agissait d’un nuisible.
Unique représentant de son genre, le diable de Tasmanie est une espèce qui prospérait autrefois dans tout l’Australie. Aujourd’hui, le diable est confiné sur la sauvage île de Tasmanie.
Son nom latin est Sarcophilus harrisii. Sarco désigne la chair, philus signifie amoureux, et Harris est le nom de l'homme qui a décrit le diable de Tasmanie dans des termes scientifiques en 1807.
Le diable de Tasmanie appartient à l'ordre des Dasyuromorphes et à la famille des Dasyuridae. Cette espèce est la seule survivante du genre Sarcophilus mais il existe encore d’autres marsupiaux carnivores (chats marsupiaux).
Le diable de Tasmanie doit son nom aux premiers colons européens, qui étaient hantés par ses cris à vous donner la chair de poule !
Comme son nom vernaculaire l'indique, le diable de Tasmanie vit... sur l'île de Tasmanie. Il habitait jadis une grande partie de l'Australie. On a retrouvé des fossiles témoignant de cette existence. Mais il y a environ 600 ans, il en disparut certainement à cause de l'arrivée du dingo. Seules les populations de Tasmanie, séparées par la mer, ont réussi à échapper à ce redoutable prédateur.
Le diable de Tasmanie vit dans tous les types d’habitats, aussi bien les sous-bois que les prairies, mais il préfère les forêts ouvertes à celles humides où la végétation est dense. On le trouve également dans les zones côtières, les terres agricoles et même les banlieues éloignées de certaines villes. En fait, il se sent bien presque partout pourvu qu'il trouve de l'ombre en journée et qu'il puisse chercher à manger pendant la nuit.
Le diable de Tasmanie vit dans tous les types d’habitats, aussi bien les sous-bois que les prairies.
Trapu, le diable de Tasmanie ressemble à un petit chien corpulent pourvu d'une mâchoire puissante et de dents très pointues. Le mâle peut atteindre 12 kg et 30 cm à l'épaule. La longueur du corps varie de 52 à 80 cm et la longueur de la queue de 23 à 30 cm. La femelle est plus petite et pèse entre 6 et 8kg.
Sa fourrure noire et fournie est marquée le plus souvent de taches blanches irrégulières autour de la poitrine, des épaules et de la croupe. Environ 16% des diables sauvages ne sont pas marqués.
De la taille d'un chien, le diable de Tasmanie possède un corps trapu et puissant, doté d'une tête massive. Le mâle est plus grand que la femelle.
La tête d'un diable adulte paraît disproportionnée par rapport à son corps. Les plus vieux mâles peuvent avoir un cou et une tête qui représentent presqu'un quart de leur poids total. Ceci s'explique par leur mâchoire si puissante qu'ils peuvent mordre à travers les os... La mâchoire peut ouvrir à 75-80 degrés. Comme les chiens, il a 42 dents, mais, contrairement aux chiens, ses dents ne sont pas remplacées après la naissance , mais croissent de façon continue tout au long de la vie à un rythme lent.
Proportionnellement à sa taille, le diable de Tasmanie est le mammifère aux mâchoires les plus puissantes, ceci étant dû en partie à la longueur de sa tête.
De longues vibrisses se trouvent autour de la gueule et en touffes sur le dessus de la tête. Elles lui permettent de localiser des proies lorsqu’il fourrage dans l’obscurité et de situer les autres diables lors du repas. Agité, le diable peut produire une odeur forte dont l’âcreté rivalise avec la mouffette.
Les babines de sa gueule puissante sont ornées de vibrisses que l'on trouve également au sommet du crâne. Proportionnellement à sa taille, le diable de Tasmanie possède la mâchoire la plus puissante qui soit.
L’ouïe est son sens dominant, mais il jouit également d’un excellent odorat. Puisqu’il chasse la nuit, sa vision semble meilleure en noir et blanc. De plus il visualise facilement tout ce qui est en mouvement et peut donc manquer une proie qui reste figée.
Son excellent odorat en fait un très bon charognard, capable de repérer un cadavre en décomposition à 2 km et de le faire disparaître avant que des maladies ne se propagent.
Le diable de Tasmanie est capable de se mettre « debout » sur ses pattes arrière, un peu comme un chien qui « fait le beau ». Cette position lui permet d’avoir une meilleure vision de son environnement et à mieux percevoir l’arrivée d’un intrus ou d’un éventuel prédateur sur son territoire. En se mettant debout, le diable voit mieux mais il perçoit également mieux les odeurs portées par le vent.
Les oreilles du diable n'ont presque pas de poils. Elles deviennent rouge lorsque quelque chose le stresse ou l'excite. Le museau est rosé.
Contrastant avec le noir de leur pelage, leurs oreilles se dressent sur la tête, ne montrant de face que leur intérieur rose vif.
Les pattes sont courtes, mais à l'inverse des autres marsupiaux, les membres antérieurs sont plus longs que les postérieurs. Lorsqu'il court, son corps fait un mouvement de balancement, et il peut aller jusqu'à une vitesse de 13km/h sur de courtes distances.
Le diable de Tasmanie marche d'un mouvement sautillant et sa course est encore plus maladroite, chaloupée, à 13 km/h.
La graisse corporelle étant emmagasinée dans la queue, comme dans de nombreux dasyuridés, cette dernière sera souvent plus étroite chez un sujet malade. Comme tout marsupial, la femelle diable de Tasmanie possède une poche (marsupium) pour porter son bébé. Cette poche lui permet de nourrir et de protéger ses nouveaux nés. Elle comporte 4 mamelles, et ainsi jusqu'à quatre petits diables peuvent être nourris en même temps. Contrairement à de nombreux autres dasyuridés , la poche marsupiale est complètement fermée lors de la reproduction.
Lorsque la nourriture se fait plus rare, le diable de Tasmanie est capable de faire des réserves de graisse dans sa queue. D’autres marsupiaux utilisent cette technique très pratique en cas de disette.
Le diable de Tasmanie mène une vie solitaire et nocturne. Il est parfois possible de les observer en groupes lorsqu'ils convoitent une même charogne, mais à ces moments-là, bien que l'animal ne soit pas territorial, il peut devenir agressif envers ses congénères lorsqu'il se nourrit. Il se caractérise par l'odeur puissante qu'il dégage lorsqu'il est stressé et impressionne par les grognements qu'il peut émettre lorsqu'il se bat. Ces derniers peuvent être entendus à des kilomètres à la ronde et glacent le sang.
Malgré son nom et sa réputation, le diable de Tasmanie est en fait un animal plutôt timide et méfiant. Il se sert de sa soi-disante mauvaise humeur pour intimider les autres animaux et ainsi éviter le combat.
Son territoire varie entre 8 et 20 hectares et en chevauche invariablement d'autres. Le diable de Tasmanie utilise tous ses sens pour communiquer et chasser. Il possède également une vaste gamme de vocalisations et d'attitudes corporelles qui lui permettent d'échanger avec ses congénères.
Bien qu’il s’agisse d’animaux nocturnes, les diables de Tasmanie aiment se reposer au soleil
Le diable de Tasmanie dort dans divers nids improvisés dans terriers abandonnés, tronc creux et grottes. Il peut aussi creuser son propre terrier dans une berge de sable ou sous une touffe de fougères arborescentes.
Le diable de Tasmanie choisit souvent pour tanière une grotte ou un tronc d'arbre creux.
Contrairement au diable adulte, le jeune diable de Tasmanie sait parfaitement grimper aux arbres. Il utilise ses larges pattes arrières et ainsi ne peut pas glisser. Il s'agrippe avec les griffes de ses pattes avant, même si leurs griffes ne se rétractent pas comme celle d'un chat par exemple. On pense que la nature leur a donné cette faculté pour éviter de se faire manger par les plus gros diables. En effet, s'il est vraiment affamé, un diable adulte peut s'en prendre à un plus jeune.
Contrairement au diable adulte, le jeune diable de Tasmanie sait parfaitement grimper aux arbres. Il utilise ses larges pattes arrières et ainsi ne peut pas glisser.
Le Diable de Tasmanie est carnivore. D’ailleurs, son nom scientifique veut dire « celui qui aime la viande ». Il peut aussi bien se nourrir de proies vivantes que mortes, mais préfère généralement les carcasses.
Son excellent odorat en fait un très bon charognard, capable de repérer un cadavre en décomposition à 2 km et de le faire disparaître avant que des maladies ne se propagent. Sa puissante dentition lui permet en plus de tout faire disparaître, aussi bien les chairs que les os, les fourrures, etc.
Bien que le wombat soit sa nourriture préférée, il mange tous les mammifères indigènes, sauvages ou domestiques (y compris moutons, oiseaux, poissons, insectes, grenouilles et reptiles) et même membre de sa propre espèce. Il attaque ses petites proies en les mordant à la tête ou à la poitrine.
Son régime est largement varié et fonction de la nourriture disponible. Il mange quotidiennement environ 15 % de sa masse corporelle dont 40 % en trente minutes si nécessaire.
Le régime alimentaire du diable de Tasmanie en fait l'homologue de la hyène africaine, car c'est un charognard qui engloutit les cadavres les moins appétissants.
Un diable de Tasmanie évadé du Zoo de Sydney aurait tué cinquante-quatre poulets, six oies, un chat et un albatros en deux jours.
Le diable de Tasmanie est capable d'ingérer toutes les parties d'un cadavre, depuis la chair en passant par les os et la fourrure.
Grâce à des techniques de chasse alliant embuscades et poursuites, le diable de Tasmanie peut aussi s’attaquer à des mammifères bien plus gros que lui, comme le wallaby de Bennett par exemple qui pèse une vingtaine de kilos contre cinq à six seulement pour un diable adulte.
Comme la plupart des marsupiaux, le diable de Tasmanie garde quelques réserves de graisse dans sa queue pour s'assurer un garde-manger pendant les périodes où il est difficile de trouver de la nourriture.
Le diable de Tasmanie peut s'attaquer au wallaby de Bennet Mais il aime particulièrement la viande de wombat, certainement parce qu'elle est riche en gras.
Le diable de Tasmanie se reproduit en mars ou avril. Les femelles ne sont fécondables que six semaines par an. Les animaux s’accouplent, dans des lieux abrités, aussi bien la nuit que le jour. À cette occasion, les mâles se disputent les femelles, ces dernières optant pour le mâle dominant. Les diables sont polygames : à moins qu’elle ne soit gardée après l’accouplement, une femelle s’accouplera avec d’autres mâles. Au terme d'une gestation de 21 jours , la femelle donne alors naissance à entre 20 et 30 petits qui pèsent de 18 à 24 grammes. La mortalité des jeunes est très importante, car la mère ne possède que quatre mamelles. Les premiers arrivés étant les premiers servis, les autres sont destinés à mourir. Sur le nombre, seuls trois ou quatre survivront (Statistiquement, il subsiste davantage de femelles). Les plus rapides, ou les plus débrouillards, restent alors accrochés à la tétine pendant une centaine de jours. Les jeunes émergent de la poche vers la fin novembre et c'est le moment où ils sont le plus vulnérables car la mère les abandonne souvent dans un nid de feuilles pour aller chasser . Ils sont alors des cibles faciles pour les busards et diverses espèces de chouettes et de hiboux, ainsi que pour les diables de Tasmanie plus vieux. Pour les protéger, la femelle les transporte parfois sur son dos mais les petits tombent souvent. Ils sont sevrés vers octobre ou novembre, et gagnent leur indépendance au mois de janvier suivant. La maturité sexuelle intervient dans leur deuxième année.
Comme ses cousins le koala, le kangourou ou encore le wallaby, le diable de Tasmanie est un marsupial, c’est-à-dire un mammifère qui, à la naissance, n’est pas plus grand qu’un embryon et qui a besoin de terminer sa croissance dans la poche ventrale de sa mère.
Le spermatozoïde du diable de Tasmanie est quatre fois plus grand que celui de l'homme et presque visible à l'oeil nu.
Le diable de Tasmanie a peu de prédateurs. Il a pu être victime du thylacine en Australie, et du dingo par le passé. Sur son aire de distribution actuelle, seuls les jeunes sont menacés par les rapaces. La puissance de la mâchoire des adultes est suffisante pour rebuter les plus entreprenants.
Un diable de Tasmanie en bonne santé vit jusqu'à 5 ans dans la nature, et jusqu'à 7 ans lorsqu'il est en captivité.
Les diables de Tasmanie vivent le plus souvent jusqu'à un maximum de 5 ans dans la nature.
Longtemps considérés comme nuisibles, les diables de Tasmanie ont été chassés et persécutés par l’homme pendant des siècles. Les premiers colons européens les ont tout de suite classé dans la catégorie des espèces à éliminer. Ils leur reprochaient de s’attaquer aux poulaillers, notamment. En 1830, l’Etat a même mis en place un système de primes pour encourager à l’abattage de diables, mais aussi de tigres et de chiens sauvages. 25 cents étaient donnés pour chaque mâle tué et 35 cents pour une femelle.
Le diable de Tasmanie a failli disparaître de l'île de Tasmanie en même temps que le thylacine. Mais un sursaut des autorités le fit mettre sous protection en 1941, ce qui permit à ses populations de se rétablir lentement.
Cette chasse au diable a duré plus d’un siècle au cours duquel les diables étaient traqués, piégés, empoisonnés… Au point de devenir de plus en plus rares. Pourtant aujourd’hui encore, alors que l’espèce est en danger, des cas d’empoisonnements sont parfois observés. En 2015, un garde forestier a par exemple découvert cinq diables morts au sud de Hobart, probablement empoisonnés. Le trafic routier est également responsable de la mort de plus de 2 000 diables par an. Mais depuis une vingtaine d’années, l’espèce doit faire face à un fléau sans précédent : Le cancer facial du diable de Tasmanie.En 1995, les diables de Tasmanie étaient entre 130 000 et 150 000 dans la nature, mais un cancer extrêmement contagieux baptisé « maladie de la tumeur faciale du diable » ou « devil tumor facial disease » (DFTD) en anglais, a décimé la population. Dans certaines parties de son aire de répartition, 90 % de la population aurait ainsi disparu en l’espace de dix ans et 80 % de la population totale depuis 20 ans. Et ce déclin se poursuit à un rythme inquiétant sans que les scientifiques n’aient encore trouvé de réponse à apporter. Découverte en 1996, cette maladie se transmet lorsqu’un individu atteint mord l’un de ses congénères où lors de l’accouplement. Elle s’incarne chez l’animal par le développement d’importantes tumeurs faciales de couleur rouge vif qui gagnent ensuite tout le corps. Les déformations sont telles qu’elles handicapent le diable et l’empêchent le plus souvent de manger. Le manque de nourriture affaiblit davantage le marsupial, qui meurt dans les 3 à 6 mois après avoir été infecté. Les scientifiques travaillent actuellement pour trouver un vaccin à cette terrible maladie qui pourrait causer l'extinction du diable de Tasmanie. En attendant ce remède, des diables de Tasmanie en bonne santé ont été amenés sur les terres de l'Australie continentale, afin de pérenniser leur reproduction. Ainsi, lorsque la Tasmanie sera débarrassée de cette terrible maladie, on pourra les introduire de nouveau sur l'île.
En plus de toutes ces menaces, le diable de Tasmanie doit également faire face à un nouveau danger : le changement climatique. La faiblesse génétique de l’espèce et son déclin seraient même davantage liés au climat qu’au cancer facial, révèle une étude de 2014.
Les diables de Tasmanie font face à une menace d’extinction réelle. Les tumeurs sont la menace actuelle et le changement climatique est la prochaine grande menace.
L’espèce est classée « en danger » (EN) par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La Tasmanie protège son diable depuis la loi de juin 1941. En mai 2009, le gouvernement fédéral par ailleurs classé l’espèce parmi les espèces en voie de disparition, la plaçant ainsi sous le coup de la loi de 1999 sur la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité dans le Commonwealth.
Difficile de connaître leur nombre exact, mais il resterait seulement quelque 15 000 individus à l'état sauvage, contre plus de 150 000 dans les années 1990. Le risque d'extinction deviendrait réel si la population passait sous la barre des 10.000 individus.
Sources
Animal Diversity Web
Sarcophilus harrisii
Diable de Tasmanie
Guide-Australie
Diable de Tasmanie - "Tasmanian devil"
Wikipédia, l'encyclopédie libre
Diable de Tasmanie - Tasmanian devil
Espèces-menacées.fr
Le portail sur les espèces menacées et les animaux en voie de disparition
Le diable de Tasmanie
Prendre soin de la nature, c'est garantir une bonne santé à l'humanité.